samedi 31 mars 2012

Test - review - Samyang 24 mm 1.4

J'étais dans l'attente d'un grand angle ultra lumineux à prix compétitif, capable de rivaliser avec mon Canon EF 28 1.8 que j'utilise notamment pour les prises de vues classiques, mais aussi beaucoup en nocturne et en astronomie. Le SAMYANG 24 mm 1.4 est arrivé à point nommé avec sa focale un peu plus courte (pratique pour les intérieurs de monuments) et sa luminosité élevée. Reçu il y a une semaine, je vous propose un tour d'horizon de ses performances...


C'est avec une certaine appréhension que je l'ai d'abord réceptionné. En effet, j'ai eu l'occasion de tester et utiliser auparavant trois autres optiques SAMYANG qui ne m'ont guère convaincu... A commencer par deux exemplaires du 14 mm 2.8 en monture Canon, dont le premier présentait un fort décentrement optique et le second une bague de mise au point totalement déréglée (l'infini placé à 1,8 m environ). J'ai aussi testé le 500 mm 6.3 dont l'astigmatisme très fort faisait considérablement baisser le piqué.
Sitôt reçu ce tout nouveau 24 mm, je l'ai donc installé sur mon DS MKIII afin de vérifier la planéité de champ ainsi que le réglage de la bague de mise au point... Aucun souci de ces côtés là, les angles/bords n'étant pas à la traîne sur un sujet plan (pas de décentrement), tandis que la mise au point calée à l'infini correspond effectivement à un sujet lointain (dans mon cas, le test a été effectué sur une étoile).

Ergonomie et finition : cet objectif présente une bonne finition ainsi qu'une ergonomie de très bon niveau. Il est entièrement manuel (pas d'AF) et est dépourvu de joints d'étanchéité. Ses dimensions demeurent assez restreintes pour une optique aussi lumineuse (longueur 10 cm ; diamètre maxi 8,2 cm ; poids 552 g, sans pare buée), même si la comparaison avec le Canon 28 mm 1.8 (voir photo ci-après) en dit long sur la différence de gabarit.
La large bague de mise au point apparaît particulièrement bien dosée et suffisamment démultipliée pour permettre une recherche efficace de la netteté. La bague de contrôle du diaphragme est bien placée : l'utilisateur la trouve facilement et n'a aucun mal pour sélectionner le diaphragme de travail. Un bémol toutefois concernant l'ergonomie : le fabricant a oublié de placer sur le pourtour de l'objectif le repère d'alignement de la baïonnette, si bien qu'on tâtonne un peu avant de fixer l'objectif sur le boîtier.



Fonctionnement à diaphragme réel : j'entends ça et là des avis contradictoires concernant l'utilisation à diaphragme réel des optiques SAMYANG sur les Canon EOS (l'objectif ne possédant ni puce de transfert des données au boîtier ni moteur pour la fermeture du diaphragme). Dans la pratique avec ce grand angle, je ne trouve strictement aucun inconvénient à ce type de fonctionnement, pour plusieurs raisons :

- la manipulation de la bague de fermeture du diaphragme n'est pas plus compliquée ou plus longue à utiliser que de tourner la roue codeuse de son boîtier pour sélectionner la bonne ouverture. Certes, cela implique de travailler en priorité ouverture sans rappel de la valeur dans le viseur de l'appareil photo, mais un photographe qui utilise cette optique si particulière et typée n'a pas de raison spécifique de travailler dans un autre mode. Le principal étant tout de même de connaître la vitesse d'obturation correspondante afin d'éviter tout risque de bougés. Pour tout dire, on se retrouve avec cet objectif comme à l'époque des argentiques avec lesquels on sélectionnait sur l'objectif l'ouverture de travail, tandis que le boîtier calculait la vitesse d'obturation correspondante.

- la visée à diaphragme réel ne pose aucun problème dans la pratique avec ce grand angle... Pourquoi ? Parce que soit il est utilisé aux grandes ouvertures pour des raisons de manque de lumière et/ou de nécessité d'obtenir une faible profondeur... dans ce cas, la visée est lumineuse et la recherche du point et du cadrage s'en trouve facilitée ; soit le photographe a besoin de diaphragmer et nous sommes alors dans le cas fort probable d'une utilisation de jour, avec de la lumière... dans ce cas, fermer l'objectif à 8.0 ou 11.0 n'entraîne pas d'obscurcissement suffisamment important pour être incapable de cadrer correctement ; soit enfin, parce que la planéité de champ offerte par cet objectif est très bonne, dès les grandes ouvertures : dans une cathédrale, par exemple, il est possible de photographier à 2.8 ou 4.0 en ayant un très bon résultat, y compris dans les angles du format 24x36 (à ces ouvertures de travail, les cadrages et recherches de la zone de netteté sont assez faciles à réaliser).



Côté performances, je vous propose un test comparatif réalisé à l'aide d'un Canon EOS 1 DS MKIII, qui n'a pas pour but de mesurer avec précision les performances de l'objectif, mais plutôt d'avoir un avis assez précis de sa qualité optique...

Piqué : c'est le nerf de la guerre... Pour établir ses performances, j'ai pris le parti de le comparer à un objectif réputé réglé sur son meilleur diaphragme : le Canon EF 50 mm 1.8 (première version métal) fermé à 8.0. Les deux objectifs n'ayant pas la même focale, j'ai respecté une distance de travail différente permettant d'obtenir le même grandissement final. J'ai dès lors photographié un sujet plan et détaillé (le mur de ma maison) et comparé les résultats au centre du champ et dans l'un des angles 24x36.

Information complémentaire (publiée le 27/12/12) : je viens de réaliser un autre comparatif entre ce Samyang 24 et son concurrent direct, le Canon 24 mm 1.4 L II. Pour y accéder : CLIQUEZ ICI.

Les vignettes ci-dessous, recadrages à 100% des zones en question, se présentent ainsi : l'image du dessus est faite au SAMYANG, tandis que celle juste au-dessous est faite au Canon, fermé à 8.0, et sert de référence. Chaque diaphragme est passé en revue, depuis 1.4 jusqu'à 11.0, selon le même ordre que pour le rendu du vignetage (1.4 - 2.0 - 2.8 - 4.0 - 5.6 - 8.0 - 11.0, voir plus loin). La première série présente le centre de l'image, la série d'après l'angle 24x36.

SAMYANG centre 1.4 / Canon centre 8.0 :



SAMYANG centre 2.0 / Canon centre 8.0 :



SAMYANG centre 2.8 / Canon centre 8.0 :



SAMYANG centre 4.0 / Canon centre 8.0 :



SAMYANG centre 5.6 / Canon centre 8.0 :



SAMYANG centre 8.0 / Canon centre 8.0 :



SAMYANG centre 11.0 / Canon centre 8.0 :



On le voit, au centre, les deux premières ouvertures (1.4 et 2.0) offrent une image assez douce. A noter au passage que la mise au point est alors délicate à faire sur le terrain, dans le "feu de l'action", étant donné la faible profondeur de champ (l'AF serait ici très utile). Dès 2.8, la qualité monte en flèche et à partir de 4.0, le SAMYANG rivalise avec le 50 mm.

Voyons maintenant l'évolution des angles 24x36...

SAMYANG angle 1.4 / Canon angle 8.0 :



SAMYANG angle 2.0 / Canon angle 8.0 :



SAMYANG angle 2.8 / Canon angle 8.0 :



SAMYANG angle 4.0 / Canon angle 8.0 :



SAMYANG angle 5.6 / Canon angle 8.0 :



SAMYANG angle 8.0 / Canon angle 8.0 :



SAMYANG angle 11.0 / Canon angle 8.0 :



Bien qu'en retrait par rapport aux performances proposées par le 50 mm, les résultats dans les angles sont très bons car il est bien difficile de trouver un grand angle capable d'offrir des images qui "ne filent pas" aux grandes ouvertures dans les angles du format 24x36. L'image est déjà particulièrement correcte aux deux premières ouvertures (hormis en ce qui concerne le vignetage) et monte en qualité au fur et à mesure de la fermeture du diaphragme. A 5.6, les angles sont très propres.

Vignetage : c'est bien sûr le point faible de ce type d'objectif. Les vignettes ci-après montrent l'évolution du vignetage aux ouvertures suivantes : 1.4 - 2.0 - 2.8 - 4.0 - 5.6 - 8.0 - 11.0.








On note que si aux deux premières ouvertures le vignetage est fort, les choses s'arrangent fortement dès 2.8, pour devenir ensuite très intéressantes aux autres ouvertures. Dans la pratique, en fonction des conditions de prises de vues, les très grandes ouvertures peuvent tout de même être utilisées.

Terminons enfin par une image classique, permettant de jauger les performances au centre et dans l'angle du format 24x36. Ci-dessous, l'image plan large :


Ci-dessous, recadrage à 100% au centre et dans l'angle 24x36 en bas à droite (F/D 2.8) :



Ci-dessous, recadrage à 100% au centre et dans l'angle 24x36 en bas à droite (F/D 8.0) :



Mes conclusions : le SAMYANG offre de très bonnes performances au centre et bonnes dans les angles dès 2.8. En fermant plus, à partir de 4.0, les images sont excellentes, y compris en bord de champ.
Les ouvertures de 1.4 et 2.0 sont à éviter car assez douces et surtout difficiles à mettre au point (les nikonistes notamment, en bénéficiant de l'aide à la mise au point via la puce intégrée à l'objectif, seront sans doute moins handicapés). Mais dès 2.8, les images sont très bonnes et le vignetage peu gênant.
L'aberration chromatique est correctement maîtrisée dans les angles aux grandes ouvertures, et n'est jamais gênante diaphragme plus fermé. Quant à la distorsion, je n'ai malheureusement pas encore pu photographier des sujets architecturaux typiques, et me rendre ainsi compte de déformations éventuellement difficiles à corriger par logiciel.
En tout cas, compte tenu de son prix de vente très bas par rapport au concurrent direct (le Canon 24 1.4 L, 2,5 fois plus cher), c'est un excellent choix.

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Test de terrain (complément à cet article, posté le 26 avril 2012).

Je reviens du Désert Blanc, en Egypte, où j'ai pu tester plus avant cet objectif en conditions nocturnes et de faible lumière.

Confirmation est faite qu'à l'ouverture de 2.8 les résultats obtenus sont très bons, avec une bonne homogénéité centre/bords/angles et un vignetage peu gênant. Les étoiles, notamment, apparaissent peu déformées dans les angles (un peu d'astigmatisme visible et une aberration chromatique assez discrète).

Je vous propose ci-après quelques images faites sur site, de nuit, à l'aube ou au crépuscule. Les images en pose - relativement - courte (de 15 à 30 secondes) ont été prises à 2.8 et 1600 iso. Les images en filés d'étoiles (10 minutes de pose) ont été prises à 4.0 et 400 ou 1600 iso. A noter que les conditions climatiques étaient peu propices à l'obtention d'images peu bruitées en longue pose (températures parfois comprises entre 25 et 30° au début des prises de vue, notamment pour les filés d'étoiles !).