jeudi 28 juin 2012

Canon EOS 1DS MKIII (test - review) : sentiments et retour d'expérience...

Voilà maintenant 4 ans et demi que je possède le Canon EOS 1DS MKIII. J'ai réalisé avec ce boîtier un peu plus de 40 000 images orientées illustration, reportage, portrait, sport, macro et technique. Je pense posséder aujourd'hui suffisamment de recul pour définir les forces et faiblesses de ce boîtier pro, ainsi que les points que j'aime chez lui et ceux que je n'apprécie pas.


En préambule, certains remarqueront que je n'ai, tout compte fait, pas énormément utilisé cet appareil. En effet, avec une moyenne de 10 000 images prises par an, on est loin de certains photographes qui mitraillent allègrement. Deux raisons à cela : je ne fais généralement pas de photos qui nécessitent beaucoup de déclenchements (à l'instar des photographes de mariage, et autres "plagistes" ou photographes de sports d'hiver, qui atteignent très vite les 50 000 déclenchements en une saison) ; et je possède deux autres boîtiers que j'utilise en même temps ou en alternance... Mon Canon G10 est ainsi utilisé pour les prises de vue discrètes et les images "faciles" type façades de monuments, détails architecturaux, etc. Le Canon EOS 550D est quant à lui dédié aux images nécessitant du grandissement (grâce à son capteur APS-C), et à certaines images astro (couchers de soleil, phases lunaires, etc.).

Une fois cette précision apportée, place aux forces et faiblesses de ce boîtier...

Ses forces
- "Il ne baisse jamais les bras !" Voilà sans doute le plus beau compliment à faire à un matériel. Le DS MKIII fonctionne en effet tout le temps, par tous les temps, quels que soient les paramètres, conditions, sujets qu'on lui propose. Accus à l'agonie par -15 degrés en haute montagne, pluies et vents violents de bord de mer, chaleur écrasante dans le désert, poussières soulevées par des motocross ou par des vents de sable, poses longues (voire très très longues) durant plusieurs nuits,... rien ne l'empêche de continuer à photographier ! A tel point que celui qui l'utilise ne fait guère plus attention aux conditions extérieures. Et c'est quand les autres photographes, équipés de matériels plus basiques, plient bagages, qu'on comprend que ce matériel a vraiment quelque chose de plus. 


- Autre force, il est remarquablement polyvalent ! Sans véritables points faibles côté technique, le DS s'adapte à tous les types de prises de vue.
Son capteur haute définition (21 mpix) couvre tous les besoins usuels : images pour les agences, pour la conception de publicités, pour le news, les reportages magazines, les posters, le portrait, etc. Ses performances dans les hautes sensibilités demeurent au goût du jour, même si ses Jpeg directs à 3200 iso sont inférieurs à ceux fournis par les appareils récents. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les progrès réalisés par les logiciels de "dérawtisation" et de traitement du bruit, permettent aujourd'hui de faire des miracles et de sortir, avec ce boîtier, des équivalents 6400 iso parfaitement montrables.

Sa cadence moteur très correcte (5 i/s) associée à un AF très performant (notamment côté accroche des capteurs latéraux) permettent d'obtenir des images très efficaces en sport notamment ; à condition toutefois de rester en Jpeg si l'on souhaite ne pas être limité par le buffer (12 images en Raw). Le suivi continu AF plante rarement, y compris avec des optiques à F/D 4, voire F/D 5,6. Autre point fort intéressant : il conserve son capteur central à F/D 8, là où certains boîtiers plus récents s'arrêtent à 5,6.


Son ergonomie appelle guère de critiques. Hormis ses poids et encombrement importants (nous y reviendrons), son viseur est remarquable (en studio, c'est un plaisir que de jauger le point de netteté), il possède le liveview (très utile pour certaines images acrobatiques et en studio), et la disposition de ses touches des menus et fonctions est cohérente (ceux qui jouent beaucoup, comme moi, du correcteur d'exposition, apprécient tout particulièrement l'efficacité de la roue arrière). Un exemple qui illustre parfaitement cette bonne ergonomie... Lorsque je shoote des images astro, au foyer d'une lunette astronomique, je me retrouve souvent dans des positions désagréables, un coude au sol et une seule main pour réaliser les manips du boîtier... Ça tombe bien, une seule main est nécessaire pour contrôler la netteté de l'image venant d'être prise : de l'index j'appuie sur le bouton de lecture des images, puis je mets à fond le zoom, et enfin du pouce je me balade dans l'image pour vérifier rendu et couverture de champ.


Ses points faibles
Bien sûr il en a... A commencer par son prix de vente à sa sortie (environ 7 500 € !). Même si ce boîtier a été amorti en 2 ans et demi, difficile d'avaler la pilule car Canon a envoyé quelques mois plus tard un signal fort à ses clients, en commercialisant le 5D MKII (lui aussi plein format 21 mpix) à 3 fois moins cher ! Même si ce dernier ne présente ni la même finition, ni le même AF, le fabricant nous a fait prendre conscience que les pros payaient au prix fort un appareil qui aurait du coûter moins cher ! Je me suis fait avoir une fois (une fois de trop), je ne me ferai pas avoir une seconde fois...


Autres points négatifs : ses poids (1,4 kg) et encombrement. Il s'agit d'un boîtier monobloc conçu pour endurer les pires situations. C'est vrai. Mais j'aimerais parfois lui enlever son booster intégré et me retrouver avec un "reflex light" façon 5D MKII sans sa poignée d'alimentation. Ce serait si pratique avec certains fourretouts un peu juste côté place et avec certains montages (astro notamment) qui posent problèmes (les porte-oculaire des lunettes et télescopes n'encaissent pas forcément convenablement un tel poids installé). 


Je soulignerai aussi l'absence de joystick de sélection lors des cadrages verticaux (corrigée avec le 1Dx qui vient de sortir). Une absence embêtante car, en prise de vues verticales, il n'est plus possible d'accéder à celui-ci, pour sélectionner par exemple l'un des capteurs de mise au point. Autre problème lié à l'ergonomie, certaines fonctions sont peu pratiques à mettre en œuvre... je pense par exemple à la fonction permettant de rappeler une configuration générale du boîtier : on aurait aimé une touche rapide d'accès, à l'instar des autres boîtiers de la marque (la série G des compacts notamment) qui disposent de menus C1, C2, etc.


Et les autres points qui peuvent poser problème ?
Le but de cet article n'étant pas d'énumérer absolument toutes les qualités et les défauts de ce reflex, je soulèverai uniquement deux points qui peuvent interloquer le photographe : quid de la définition assez faible de l'écran arrière (230 k points) et de l'absence de mode vidéo ?

L'écran arrière : sa définition peut sembler faible ; pourtant dans la pratique la vérification de la netteté de l'image ne pose pas de problème, même si on le compare aux écrans de dernière génération (1 mdots). Il est d'ailleurs amusant de constater que c'est un peu n'importe quoi côté écrans arrières, certains écrans 230 kdots étant très bons (comme c'est le cas avec celui du DS) tandis que d'autres sont médiocres (sur certains Nikon d'entrée de gamme par exemple). Un autre point amusant : la visualisation des images Raw est assez précise avec l'écran du DS, tandis qu'elle devient très précise en Jpeg !? Un constat du, je pense, au fait que la résolution Jpeg est supérieure aux bruts fournis par le boîtier.

L'absence de la vidéo : je répondrai par une boutade... je suis photographe, pas vidéaste. La vidéo ne m'intéresse absolument pas, ni pour mon travail ni pour mon utilisation personnelle. La vidéo sur un appareil photo est pour moi incongrue. Maintenant, si demain on me demande (m'oblige) à réaliser quelques vidéos, je serai sans doute obligé d'y recourir. On verra.


4 ans et demi après...
Quel est mon sentiment après ces années d'utilisation ? Une grande satisfaction d'utiliser ce boîtier mais aussi un sentiment qu'il m'a coûté trop cher. Avec le recul, j'aurais sans doute opter pour le 5D MKII, certes moins performant sur certains domaines, mais au taux d'amortissement bien meilleur. 
Parmi les reflex Canon récents, si je devais réinvestir, je ferai l'impasse sur le 1Dx (beaucoup trop coûteux) pour me concentrer sans doute sur le 5D MKIII, à condition que son prix de vente baisse sensiblement. Ce boîtier corrige en effet les lacunes du MKII (AF, cadence moteur et tropicalisation), tout en offrant des hauts iso supérieurs. Pour tout dire, au jour d'aujourd'hui, le seul reflex qui ferait me séparer de mon DS est... le Nikon D800 ! Un reflex selon moi "parfait" et ultra polyvalent, dont les fichiers 36 mpix sont une aubaine dans le cadre des images que je réalise pour mon agence photo.
Si Canon avait la capacité de réaliser un tel boîtier, et surtout à ce prix (environ 2 500 €), je serai preneur...