L'avantage de photographier sous un excellent ciel est de pouvoir réaliser, simplement, de bons clichés des objets du ciel profond. Pour preuve cette image de la galaxie d'Andromède M31, prise il y a quelques semaines depuis la Creuse...
En effet, dans le cas présent, point d'addition de x images de l'objet, de traitements rigoureux, de flat, d'autoguidage via une webcam, etc. J'ai recouru pour l'essentiel aux techniques jadis employées en argentique :
une monture équatoriale motorisée sur les deux axes (ici une monture Vixen SP/DX)
une lunette guide Vixen 60/700 munie d'un oculaire guide Meade MA 12 mm + Barlow Celestron Ultima x2 (gr. 117x)
un reflex Canon EOS 550D équipé d'une télécommande intervallomètre
un objectif Canon 200 2.8 sur lequel j'ai fixé un extendeur x1,4 Canon. Avec le coefficient APS-C lié au capteur du 550D, la focale résultante de ce montage est de 448 mm (F/D 4.0). Avantage de ce montage : le format APS-C recadre le format habituel 24x36... Les bords et angles de l'image, souvent dégradés par la distorsion et l'aberration chromatique, sont éliminés. L'image à pleine ouverture est donc d'emblée excellente
le temps de pose est unique ! C'est à ce stade que la différence est importante par rapport à l'acquisition classique numérique. La pose est de 10 minutes à 800 iso. Le guidage sur une étoile permet de compenser manuellement, à l'oeil (comme "au bon vieux temps"), les erreurs de suivi de la monture. Le capteur du 550D étant utilisé à une température sur site peu élevée (environ 10 degrés), le bruit thermique est très discret et est quasiment éliminé par le dark automatique réalisé par le boîtier en fin de prise de vue (via la fonction "réduction bruit exposition longue"). L'image brute obtenue est claire mais ne possède quasiment aucune zones écrêtées (le noyau de M31 apparaît à peine surexposé lors de la visualisation de l'histogramme)
dès lors, le traitement sur ordinateur devient un jeu d'enfant et consiste uniquement à modifier les courbes afin de rendre le fond de ciel noir, tout en conservant de l'information dans le coeur et les bras de la galaxie.
Cette technique classique, qui ne nécessite aucun traitement difficile à maîtriser, n'est possible que dans le cas d'un très bon ciel, sans pollution lumineuse, et avec un objet suffisamment brillant.
Ci-dessous, l'image finale de M31. Notez la très bonne homogénéité du piqué (les étoiles demeurent quasi ponctuelles dans les angles et bords de l'image) et les détails visibles dans la structure de la galaxie...